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Regard d’Armelle Labadie sur la facilitation de territoire

4ème épisode d’une série de témoignages de praticiens de la participation

En début d’année 2020 s’est tenue la première session de formation à la facilitation de territoire, animée par l’équipe de Collporterre. Quelques mois plus tard, des participants témoignent des apprentissages qu’ils en ont retirée.

Cet article donne la parole à Armelle LABADIE, chargée de mission Développement Social Urbain à la Ville de Brest (29).

En quoi la formation de facilitation de territoire a-t-elle changé ton regard sur la participation ?

Je ne suis pas certaine que la formation ait changé complètement mon regard sur la participation. L’intérêt de cette formation, c’est que cela m’a vraiment permis de mettre des mots sur des pratiques que je menais de manière implicite. De déconstruire, de schématiser, de redonner du sens à ma pratique de la participation ; et de le partager, avec d’autres personnes aux profils différents du mien, qui n’ont pas forcément la même façon d’aborder la question.

Concrètement, en quoi cette formation a-t-elle fait évoluer ton quotidien professionnel ?

Déjà, cela m’a permis de me déculpabiliser sur le fait de prendre le temps de passer au sein d’un équipement de quartier pour partager des infos de façon informelle. Je le fais peut-être plus et aussi avec d’autres partenaires avec qui je n’avais pas forcément cette habitude. Je passe davantage à l’improviste ; et c’est plutôt bien accepté, parce que cela change les relations que je peux avoir avec les partenaires. J’essaie de passer plus de temps à faire ces petits pas de côté, qui permettent d’avancer même si cela ne se voit pas aux premiers abords.

De plus, avant je m’excusais presque de vouloir faire autrement ; mais aujourd’hui, j’affirme plus fortement vis-à-vis d’autres collègues de la collectivité le fait de « faire avec » et d’accepter de « lâcher du lest » pour partir davantage des envies des gens des quartiers.

Par exemple, sur un des projets qu’on mène actuellement, je sais que mes collègues des autres services ont déjà quelque chose d’assez clair en tête, de bien ficelé. Ce n’est pas forcément mon cas. Donc je prends le temps d’aller voir les partenaires et les habitants sur le quartier ; pour trouver les espaces qui permettent de mieux les intégrer dans le projet ; et ainsi d’imaginer quelque chose qui sera peut-être différent de ce qui a été pensé au départ.

Quels sont selon toi les plus grands défis pour développer ce métier de facilitateur.ice de territoire ?

Tout l’enjeu est évidemment de convaincre, de démontrer de l’intérêt de ces façons de faire qui sont un peu différentes.

Je pense déjà qu’il faut réussir à mettre « le pied dans la porte ». Sur le projet que j’évoquais, dans lequel on a réussi à faire un peu différemment, on nous a laissé mettre le pied, on nous a regardé faire et au final, on nous a dit que c’était pas mal.
Mais il faut multiplier ces occasions, pour que cela soit vraiment identifié comme une autre façon de faire. Et qu’ainsi on nous « autorise à », qu’on nous laisse les espaces, même si cela peut paraître moins bien maîtrisé de leur point de vue aujourd’hui.

Je crois aussi beaucoup à la formation et à la cooptation pour infuser au sein de la collectivité. En s’appuyant notamment sur la co-formation entre pairs, en partageant des modes de faire autour d’objets de travail communs.

Je pense ainsi aux chargés de mission politique de la ville et agents de développement local, qui ont beaucoup à partager sur cette posture de facilitation de territoire. Plus largement, un groupe « Ressources » s’était constitué au sein de la collectivité il y a quelques années, pour partager des outils, des méthodes participatives. On pourrait s’appuyer sur ce groupe pour avancer collectivement sur le sujet.

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