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Une exploitation des algues en Iroise plus durable et transparente est possible !

Un article repris du site Avenir et environnement en pays d’Iroise avec l’autorisation de l’éditeur

Photo laminaria digidata

Les algues sont exploitées depuis des siècles en Iroise. D’abord collectées par les riverains, qui cueillaient les algues de rive ou ramassaient les algues échouées essentiellement pour l’alimentation du bétail ou l’amendement des terres, elles ont ensuite été exploitées plus industriellement à partir du 19ème siècle pour la production de soude et d’iode. Depuis quelques décennies, l’exploitation s’est réellement industrialisée, avec notamment des navires spécialisés équipés de « scoubidous » ou de « peignes » pour l’exploitation des laminaires, basés en majorité à Lanildut où est débarquée une grande partie de la récolte. Ces algues alimentent une industrie de plus en plus demandeuse, et pour un nombre croissant d’applications (agroalimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques), notamment l’usine Algaia (ex-Cargill) basée à Lannilis ; en parallèle, l’exploitation des algues pour l’alimentation humaine se développe (cueillette et parfois culture).

Les bateaux goémoniers sont ainsi de plus en plus gros, à l’instar du goémonier Vag A Lamm, mis à l’eau en octobre 2019 ; il s’agit d’un navire de 20 tonnes, long de 10,20m, pour un coût de 400 000 €.

Goemonoier Da viken à Ouessant

Le tonnage annuel de récolte d’algue de mer est estimé à environ 60 000 tonnes et 90% de ces algues proviennent du Finistère.

La récolte d’algues de mer s’industrialise massivement pour répondre à une demande de plus en forte sur le marché mais la récolte d’algues à marée basse par des pêcheurs à pied perdure et se spécialise : la plupart de ces pêcheurs exploitent les ressources de manière responsable et les volumes ramassés sont faibles par rapport aux algues récoltées par les bateaux goémoniers.

La récolte « industrielle » des algues en pêche embarquée génère des emplois dans les communes littorales, et y produit de la valeur ajoutée ; mais elle pose aussi un certain nombre de questions :

  • Quelle est la durabilité de cette exploitation (gestion des stocks, méthodes d’exploitation) ?
  • Quels sont les impacts environnementaux de cette activité ? Ils sont en tout cas mal connus, ce type d’activité n’étant pas en France soumis à évaluation réglementaire de ses incidences, alors qu’elle s’exerce au cœur du Parc Naturel Marin d’Iroise
    -* Comment est-ce que le territoire et ses populations participent aux bénéfices de l’exploitation de cette ressource ? Les algues sont emblématiques de notre territoire, et leur exploitation a contribué à façonner son identité.

Goémonier avec peigne norvégien

En effet, alors que ces populations étaient jadis considérées comme « propriétaires » de ces ressources, les bénéfices qui en sont tirés leur échappent désormais en très grande partie, tandis qu’elles supportent de fait une partie des coûts associés (installations portuaires, réseaux), et probablement un certain nombre d’impacts (bruit, trafic de camions, impact indirect sur d’autres activités), mais sans contrepartie réelle (redevances, retour économique local).

La gestion de l’activité de récolte des algues de mer est par ailleurs opaque,
déléguée de fait par l’Etat à la profession, sans finalement que les citoyens puissent s’assurer que cette gestion exercée en leur nom protège réellement l’environnement, valorise au mieux cette ressource commune, et leur assure les retours économiques qu’ils pourraient légitimement attendre de son exploitation.

Favorable à l’exploitation responsable d’une ressource a priori renouvelable, l’AEPI estime que les impacts environnementaux de cette activité devraient être mieux évalués et que sa gestion devrait être plus transparente et mieux associer les populations des communes riveraines, co-propriétaires de cette ressource commune et premières exposées aux impacts éventuels de son exploitation.

Correctement gérée, la récolte d’algues est pérenne et peut générer des emplois et de la valeur dans le Finistère et contribuer à affirmer son identité (produits à base d’algues, « wakamé breton » ou tartare d’algues). On pourrait par exemple mieux valoriser cette ressource locale en circuit-court et développer le réseau de distribution local.

Aller plus loin sur le sujet

- Récolte d’algues de rive et aquaculture durable (Eau et Rivières de Bretagne)
- Chiffres clés (Idealg)
- Infos officielles sur la filières Algues dans le Finistère (Préfecture départementale)
- Réglementation(Région Bretagne)

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