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Joseph, architecte, imagine les halles Garnier au service de tous

Joseph Quémard, jeune architecte, a planché pendant des mois sur ce que pourraient devenir les halles Garnier à Redon (Ille-et-Vilaine). Il en a fait son mémoire d’études avec une certitude : elles doivent rester. Entretien avec ce diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne (ENSAB), à Rennes, depuis juin.
C’est un peu curieux de tomber amoureux d’un bâtiment, mais c’est un peu ce qui vous est arrivé avec les halles Garnier ?
On peut dire ça. Je suis originaire de Saint-Jean-la-Poterie et, petit, j’y venais régulièrement. Elles abritent les brocantes, les vide-greniers et la Bogue où je suis bénévole. Alors, quand j’ai décidé d’être architecte, je me suis dit que je ferai mon projet d’études sur elles.
Bien avant d’intégrer l’école d’architecture de Rennes ?
Oui, j’ai trouvé des prétextes pour aller. Les boulistes qui y ont leurs terrains me laissaient rentrer, j’y allais aussi pendant la Bogue... J’y ai fait des mesures avec un mètre laser... Le toit est en piteux état, mais la charpente métallique, elle, est saine. Et elle est très bien faite.
Et c’est pour ça que vous pensez qu’il faut garder les halles ?
Je peux vous trouver des dizaines de raisons de les garder. Raison historique d’abord : elles racontent le passé industriel de Redon. Des générations ont travaillé à la Croix-des-marins. Et si vous regardez bien, depuis l’abbatiale jusqu’à la Croix-des-marins, 1 000 ans d’histoire se lisent sur le patrimoine. Au bout des halles, il y a un mur en briques, faites à Rieux, et qui date de l’ancienne fonderie.
Raison financière ensuite : les halles font 2 ha. Cela coûtera très cher de démolir, car alors il faudra entièrement enlever le sol cimenté. Le traitement amiante sera cher. Raison sociale : les halles sont utilisées par des gens différents, pour des événements différents, mais tout le monde y vient.
Vous parlez de patrimoine...
C’en est un. Les métropoles qui ont un patrimoine industriel en centre-ville le réhabilitent. Allez à Nantes, à Lyon. Redon est une petite ville, mais elle a des enjeux de grande, de métropole. Elle a ce que très peu de villes de sa taille ont : ce patrimoine industriel !
À quoi pourraient-elles servir aujourd’hui ?
J’ai rencontré beaucoup de gens qui les utilisent, ou les ont utilisées autrefois. Je leur ai demandé de ce qu’ils aimeraient y voir, y faire. Et j’ai construit mon projet avec l’idée que ce lieu doit rester un lieu de confluence, de brassage, mais qu’il doit aussi attirer des gens de l’extérieur et être une destination en tant que telle. Qu’on y viendra pour découvrir et pour se détendre, mais aussi pour travailler...
Vous y avez fait cohabiter différents univers ?
Dans un espace sur le thème de l’eau, il y aurait un musée de la batellerie élargi à l’histoire industrielle du pays, où l’ aurait sa place ; un atelier de rénovation de bateaux anciens ; une bibliothèque ; une auberge de jeunesse ; un théâtre de verdure et un accueil pour les classes de découverte.
Il y aurait aussi un espace de travail, style Fab lab avec accueil de séminaires, ainsi que la capitainerie et des services pour les plaisanciers. Les boulistes y auraient toujours leur place. Et dans l’espace central, où j’imagine un bar, on pourrait toujours accueillir brocantes et vide-greniers.
Et vous y mettez une salle de concert...
C’est le principal élément d’architecture qui est rajouté à ce qui existe déjà. Cette salle de 1 000 places assises serait elle aussi modulable avec des gradins escamotables pour danser par exemple...
Vous avez présenté votre projet à la Communauté de communes du pays de Redon (CCPR), qui mène une étude sur le devenir du quartier du port ?
Je leur ai envoyé le descriptif de mon projet et j’ai demandé à rencontrer quelqu’un. Mais pour le moment, je n’ai pas eu de réponse. J’espère que ça viendra. Parce que ce projet, j’y travaille depuis des années. J’aimerais qu’il serve. Et je m’en voudrais si les halles disparaissaient sans avoir tout tenté pour montrer qu’elles sont une chance, pas une verrue.
Recueilli par Christelle GARREAU.

Voir en ligne : http://www.cdredon.bzh/single-post/...

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