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Le journal des confiné.es Semaine 3

Ce matin avec ma fille, nous avons collé des fleurs sur la fenêtre. C’était le défi proposé par la maîtresse : "Fêter l’arrivée du printemps en dessinant de belles fleurs et les coller aux fenêtres". On a choisi des belles couleurs vives. On s’est bien amusées. J’espère que la peinture va partir... Nous avons aussi fabriqué du liquide vaisselle maison !


Comme cela arrive souvent dans nos familles, nous avons un seul ordinateur pour trois personnes. Mon fils de 14 ans est collégien. Heureusement, le collège lui a prêté une tablette. Du coup, ma fille de 18 ans, lycéenne, peut travailler sur l’ordinateur. Elle peut faire des conférences vidéos avec son lycée pour ses cours. Avec mon fils de 11 ans, j’utilise le téléphone mobile pour tous les devoirs. On se débrouille comme on peut.
Le problème c’est avec l’imprimante : les cartouches, si chères, se vident après l’impression des 3 devoirs de chacun des trois enfants. Du coup nous recopions, utilisons de vieux cahiers d’école afin de profiter des quelques feuilles restantes. Nous sommes vigilants et évitons le gaspillage.
En plus d’accompagner mes enfants dans leur travail scolaire, je travail toujours quelques heures dans la semaine pour des repas d’un monsieur invalide isolé, à côté de la maison. J’y vais la boule au ventre, mais il faut aller de l’avant avec ce confinement obligatoire !


Je fais du tricot, plein de layette et après j’essaierai de les vendre pour avoir un peu d’argent.
J’ai aussi fait mes carreaux, il m’en reste un à faire, je ne vais pas nettoyer 100 fois mon appartement.
Le matin, mais pas tous les matins, je vais chercher mon journal et comme ça je peux avoir des attestations pour sortir.
Ca commence à être long et pénible, je tourne en rond et en carré dans mon appartement, mais ça va … mon appartement est assez grand je peux voyager dedans.
Je pense à après, j’écoute la radio j’aime la musique, je regarde aussi les infos à la télé parce que ça m’intéresse mais pas trop car ça prend la tête, ils racontent 100 fois la même chose. On parle beaucoup des soignants, ils font du bon boulot, il faut les applaudir c’est dur ce métier, j’ai travaillé comme aide-soignante un peu, mais il y a aussi les autres métiers.
J’ai été au Secours Populaire j’ai eu du chocolat, de l’huile, de la purée, du sucre, du fromage des yaourts, mais pas de viande.


Je sais grâce au confinement que pour arriver à mon appartement je montre deux fois 18 marches, que, en bas de mon appartement il y a une petite cour qui dans sa plus grande longueur me permet de faire 15 pas. Je sais aussi que dans le périmètre autorisé pour sortir munie de mon attestation, il y a deux cimetières, ce qui me permet de voir de beaux arbres et de l’herbe. Je sais enfin qu’il y a deux endroits, toujours dans ce périmètre de 1 kilomètre de rayon, à partir desquels je peux apercevoir très loin très loin le port et la mer.


Pour moi rien n’a changé ... toujours des devoirs. C’est toujours pareil, toujours aussi compliqué je demande de l’aide à mes parents ou à des personnes à distance. On a des messages des profs on nous dit de faire ce qu’on peut. Je ne sais pas si ce que je fais est bien parce qu’ ils ne voient pas ce que je fais rien n’est corrigé. Je trouve que ce n’est pas bien parce que on n’apprend rien, ça me décourage, ça prend tout mon temps.
J’aurais aimé avoir moins de devoirs, qu’on puisse appeler les profs pour qu’ils nous aident à faire nos devoirs, j’ai appelé une fois parce que je n’arrivais pas à ouvrir le site et depuis plus de contact. Je regarde une émission de 14 à 15h à la télévision sur la 14 (France 4), j’aime bien on apprend plein de choses, ma maman est avec moi on discute de l’émission. J’ai hâte que le confinement soit fini pour prendre du temps pour moi et profiter de ma famille, de mes amies. J’ai hâte de revoir les chevaux dont je m’occupe en stage, de prendre soin d’eux et de leur faire pleins de petites caresses.


Le poison de mars est devenu le poison d’avril... Pas de quoi rire !
Au réveil, il faut quelques secondes pour se rappeler dans quel état est notre monde : 3 milliards d’humains obligés de rester chez eux ! C’est si nouveau, si incertain que c’est proprement im-pensable. On guette les bonnes nouvelles, celles qui nous diront quand tout cela va s’arrêter. Mais l’horizon recule chaque jour. Le cœur balance entre la colère de voir les inégalités que cette pandémie met en lumière (et accentue) et l’espoir que donne la belle fraternité qui se révèle dans l’adversité. Il faudrait se poser, méditer, accepter son impuissance. Mais il ne faut pas déserter. Quelle place tenir dans cette « guerre » ? Ecrire peut-être, et lire, et se relier. Oui « lirecrire » c’est bien cela : je trouve ma place ici, avec vous.


Et voilà, déjà 3 semaines de confinement. Quoi dire d’autre ? Que le temps est long. Heureusement, je bosse un jour et demi par semaine. Le mardi matin 3 heures de ménage, puis le mercredi 9 heures de garde d’enfants, chez la même famille. Cette même famille qui me garde trois jours pendant la première semaine des vacances et le mardi suivant pendant trois heures pour le ménage. Ils veulent me faire travailler. Et oui, sur mes huit familles dans le mois, je n’ai plus qu’une famille.
Pendant le reste de la semaine, j’ai fait mon levain maison pour faire mon pain. Cela évite d’aller en chercher tous les jours. Sinon, j’ai bien avancé pour préparer les séjours de cet été que je dois diriger.
Tous les matins, je consacre une heure maximum à mon bien être : méditation, Yoga et Qi Gong.
Ah, oui, mardi, j’ai fait une mini-dépression... Mercredi matin, dur d’aller travailler, mais une fois arrivé j’allais beaucoup mieux.


Ras le bol d’être confiné ... mais on prend son mal en patience, le temps est long. Il faut en permanence trouver des jeux ou des activités pour le petit. A part ça, ça va on est tous en bonne santé c’est le plus important. Mon grand va aller travailler dans les serres mercredi je suis contente pour lui.


Je n’ai pas trop de stress, pourtant on entend des gens qui disent qu’il y en a pour des mois, ils sont inquiétants. Je regarde les infos à 19h sur la 3 après je regarde la Une. Je ne sors pas, ou alors pour les courses, une fois par semaine. J’ai fait le puzzle proposé sur internet, avec les pièces qu’on fait bouger sur l’écran grâce au clavier. Maintenant, j’en fais tous les jours, le matin et même le soir.Retour ligne automatique
Heureusement qu’on a quitté St Etienne pour venir près de notre fille, en plus la situation est meilleure en Bretagne. On téléphone à notre fille et à nos petit enfants. Cela nous manque de ne pas les voir en vrai. Nous appelons aussi les amis d’ATD de Brest et ceux de St Etienne nous appellent.


Comme on arrive en fin de 3e semaine, cela commence à être dur et long pour arriver à gérer dans la maison les émotions de tout le monde, avant chacun fonctionnait à son rythme et là on se retrouve tous ensemble tout le temps.
Les assistantes sociales sont moins présentes, tout se fait d’abord par internet et ensuite par téléphone si besoin. C’est du stress en plus car qaund on discute avec l’assistante sociale il faut en même temps chercher les papiers tout en parlant, et souvent l’assistante sociale est aussi dérangée par une urgence donc on doit arrêter.
Notre machine à laver est tombée en panne cette semaine, on a essayé de la réparer en la nettoyant, mais cela ne fonctionne toujours pas et on n’a pas d’argent pour en acheter une autre en ce moment.
On a aussi dû changer notre façon de manger car on n’avait plus rien dans le congélateur. On a dû attendre un peu une aide financière par l’assistante sociale pour pouvoir aller faire des courses, car il n’y a pas beaucoup de tournées de facteur (3 jours par semaine).
C’est dur d’organiser nos journées, on n’a pas beaucoup de matériel pour faire des activités, on est stressé en pensant au mois qui vient car on ne sait pas ce qu’on aura pour vivre. On gère au mieux, il y a des hauts et des bas, on fait avec ce qu’on a, on fait de la méditation.
Les informations m’angoissent, je n’écoute plus, je me demande où on va …


En cette 3e semaine de confinement, ce que je trouve le plus dur c’est, quand je vais travailler dans les halls d’immeubles à Bellevue, de ne plus voir K....., elle est assistante maternelle ni ses petits bouts de chou qu’elle accueille à la journée. Mais je me dis que quand je les reverrai, ils auront encore bien grandi.
Hâte que tout redevienne à la normale !


Le confinement est un moyen confié à la responsabilité de chacun/e, de lutter contre l’épidémie. Pas question de s’y soustraire.
Et pourtant . . .
Il y a, dans mon quartier, des familles pour lesquelles le confinement est bien plus difficile à vivre que pour d’autres ! Garder des enfants, des ados, à la maison, sans les copains, sans aller courir et jouer, « faire l’école à la maison », que de tâches exigeantes, trop exigeantes, voire stressantes dans certains contextes familiaux déjà difficiles à gérer. . .
Il y a des personnes seules, qui vivent actuellement une solitude bien plus grande qu’à l’ordinaire, donc une grande souffrance . . .
Il y a une personne dont le neveu est décédé la semaine dernière : pas de funérailles, pas de rencontre familiale, une absence à porter seule. . .
Alors, si « le confinement » était aussi un appel ?
Un appel à savoir regarder, à savoir nous émerveiller devant les gestes de solidarité qui se manifestent à notre égard, nous les « personnes âgées » plus vulnérables que d’autres, et aussi à l’égard de familles plus fragiles.
Un appel à écouter, à goûter, en parcourant, 1h par jour, des rues désertes, le silence
inhabituel en pleine ville.
Un appel à m’interroger : à qui un coup de fil, un mail, ferait-il plaisir ? comment lui dire qu’elle, qu’il compte pour moi ? que puis-je faire d’autre ?
Un appel à admirer tout ce qui s’invente, se met en place, pour que des groupes puissent se réunir et se parle, échanger comme c’était prévu, tout en restant chacun chez soi.
Un appel à partager . . . tout ce qui peut aider à vivre, à préparer « le jour d’après » !

Voir en ligne : http://www.atd-lirecrire.infini.fr/...

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