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Retour sur les téléworkshop Edulab

Jeudi 2 et vendredi 3 avril se sont déroulés à distance les workshops Chuchumuchu et Daouig co-organisés par l’Edulab et Bérengère Amiot. Réunissant en tout 15 participants, ces ateliers ont été réalisés dans le cadre du projet Edulab Pasteur, un lab pédagogique directement affilié à une école prenant place dans l’ancienne fac dentaire de l’hôtel Pasteur de Rennes.

Chuchumuchu, premier atelier de la série, est un projet de capteur sonore.

Daouig, le lendemain, portait sur la création d’un compteur de jauge.

Les 2 ateliers se sont déroulés en “télé-workshop”, via un outil de visioconférence ainsi qu’un service de messagerie pour échanger des ressources. Les deux projets sont actuellement en work in progress ici :

https://wikifab.org/wiki/Chuchumuchu,_un_capteur_sonore
https://wikifab.org/wiki/Daouig,_compteur_de_jauge

Le contexte de confinement actuel a permis d’expérimenter un format à distance des workshops “traditionnels” de l’Edulab. Nous avons privilégié pour cela 2 outils, un synchrone en visioconférence, et un deuxième outil en asynchrone (type chat, pad …), ce dernier qui permettant de rappeler les avancées du projet, d’échanger des ressources sur le design, et d’inclure les personnes qui ne pouvaient participer à la visioconférence.

Déroulé des deux workshops

Le premier atelier du 2 avril à été expérimenté par analogie aux workshop présentiel de l’Edulab : division en 2 sous-groupes, l’un axé sur l’électronique et le code et l’autre sur le design. Suite à cela, nous avons tester un changement de modalité pour le second atelier (le 3 du même mois), atelier qui a pris une forme plus didactique.

Dans un premier temps les 2 ateliers ont commencé par une présentation de Bérengère du projet Edulab Pasteur, ainsi qu’un tour de table où chaque participant.es a pu se présenter et spécifier ses intérêts d’apprentissage par rapport aux projets.

Les contraintes de fabrication de conception et de fabrication d’objet nous ont permis de tester leur faisabilité en ligne. Du côté de la construction de l’objet en lui-même, la grande difficulté réside dans le fait de ne pouvoir partager dans un lieu unique autant les outils, que les logiciels. Il a été donc été testés quelques solutions d’outils de simulation sur internet (Tinkercad pour la 3d et le code, puis Arduino Create, dans une moindre mesure pour le code). Il s’est avérer que la multiplication de ces outils pose un problème majeur dans le déroulé du workshop en ligne, celle de l’accessibilité. Il est bien possible de partager un compte commun, mais les limitations de chacun (de réseau, de logiciel) est un réel frein à la possibilité de collaboration en ligne.

Fort de cet expérience Daouig a alors pris une forme plus didactique à la manière d’un tutoriel commenté et interactif, avec une contribution plus forte du public.

Si aucun objet en réel n’a pu être fabriqué dû aux contraintes de distance, nous avons néanmoins pu déterminer des design, des plans de découpe et des scénarios précis de fonctionnement pour les 2 objets.

Il est également remonté des participant.es que la forme didactique a été plus efficace dans ce contexte d’apprentissage. Pour ce qui est de la partie électronique, il a néanmoins fallu se limiter à des outils de schématisation de circuit (collaboratifs ou non).

Bilan de l’expérience

Du côté technique, il existe à l’heure actuel des logiciels en ligne permettant des simulations, d’écrire du code en ligne. Mais nous devons constater que les solutions que nous avons utilisés et les solutions disponible à l’heure actuel, ne permette pas pleinement et simplement de reproduire l’expérience d’un workshop tel quel sur internet. Étant les problèmes de connexions et de multifenêtrage qu’engendre ces outils en ligne, nous pouvons nous rapprocher de cette expérience, mais le prix à payer et de perdre un certain nombre des usagers connectés. 

 Du côté collaboratif, en revanche, le fait d’avoir accompagné nos discussions d’un outil asynchrone a été l’occasion, pour les participant.es ne pouvant s’impliquer en visio-conférence, de suivre et de participer à l’avancée des workshops. A la manière d’une annexe commune aux projet et à ses participant.es, ce dispositif permet un suivi très intéressant de l’évolution du projet au travers du workshop, très efficace notamment pour une documentation post-activité. Ce constat nous a mené à deux scénarios possible, l’un “allégé” de la fabrication mais qui nécessitera plus d’animation, et l’autre, plus didactique, qui prend la forme d’un tutorat en ligne : 

Quel forme de Workshop en ligne, quelques pistes …

Scénario A :
Du workshop à un visio-débat, un workshop dédié à la conception

Sous la forme d’une visio-conférence, il s’agit concevoir ensemble un objet dans son design et ses usages, en partageant des ressources. Le workshop se transforme en débat appuyé par des documents (dessins, plans, jeux de rôles sur l’usage). Dans ce cadre, les outils comme Arduino prennent un tournant théorique sur les possibilités offertes par chaque outil numérique et les formes de l’objet se dessine au fur et à mesure des contraintes définies collectivement, donnant lieu, éventuellement, à la fin à une fiche de “projet de fabrication” plutôt qu’à un tutoriel.

Le format demande beaucoup d’interactivité et fait jouer la motivation des participant.es, qui définissent eux-même le design et les usages d’un futur objet qui pourra être réalisé en présentiel. Il faut toutefois fixer des règles de participation et de contribution pour n’exclure personne et équilibrer la parole. En cela, passer par des modalités pédagogiques ludiques comme le jeu de rôle peut s’avérer efficace.

Scénario B :
Du Workshop à un tutorat en ligne

Le tutorat en ligne est simple à mettre en place : un.e ou des organisateur.ices pilote directement un déroulé et les participant.es le suivent à distance. l’interaction avec eux réside alors dans leur possibilité de poser des questions, d’interrompre aisément l’orateur et de pouvoir suivre son écran directement. Les organisateur.ices mènent le workshop sous leur yeux, comme si eux-même fabriquaient le projet mais guidés et accompagnés par les commentaires et questions des participant.es

Le premier avantage est que cela ne nécessite pas de beaucoup de mise en place d’outils, il est donc moins problématique quant à son accessibilité, une simple visioconférence permettant le partage-d’écran suffit. Il faut néanmoins la compléter d’un chat asynchrone (exemple : slack, discord) : cela rend le partage de ressources plus facile, mais facilite aussi l’intégration de personnes ne pouvant/souhaitant pas ou peu s’impliquer en visio-conférence (problèmes de son, connexion, timidité, etc…).

En étant plus directive, cette méthode permet de lisser les écarts de niveaux entre participant.es (la distance accélérant l’exclusion des personnes le plus en difficulté) et ne nécessite pas une préparation particulière grâce aux outils en ligne (nécessitant une bande passante plus ou moins forte selon l’outil).

L’importance de l’accompagnement

Un point de vigilance cependant : ces outils filtrent ce qui, en présentiel, relève de la communication non verbale. Les possibilités offertes actuellement par visioconférence doivent être complétées d’un réel accompagnement au risque que les participant.es n’osent pas poser de question ou s’impliquer, un risque semblable au format présentiel mais ici renforcé. Plus il y aura de participant.es et plus ils seront spectateur.ices (dans nos essais ils furent au contraire assez dynamique). Bien qu’il s’accorde plus aux usages actuels de la vidéo pour tout.es les usager.ères (transmission direct d’un savoir), il est assez fréquent que les participant.es laissent l’aspect synchrone de côté, à l’instar d’un MOOC. Il s’agit donc de rappeler fréquemment la possibilité d’interrompre et de pouvoir poser des questions, mais aussi de faire interagir de manière spontanée le public, à la manière d’un quizz.

Il est aussi important de laisser une trace écrite en temps réel sur l’outil asynchrone afin d’inclure les personnes éloignées de la visio-conférence ou n’y participant pas activement, mais aussi de fixer l’objectif d’établir des documents collaboratifs et partageables en rendant compte des difficultés éprouvées face à la distance. Ce n’est que via le retour d’expérience que nous pourrons envisager une progression parallèle des outils et des modalités pédagogiques.

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Voir en ligne : http://www.labfab.fr/retour-sur-les...

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