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REPORTAGE : Croûtes, parcours artistique au cœur de la Bretagne verte

Après une immersion au lycée en janvier 2021,
- Lire l’article Mycélium découvre les mondes AS et AEPA à Rostrenen, les artistes, Albane Danflous, Emilie Marin-Thibault et Gabriel Soulard, ont réinvesti le lycée professionnel Rosa Parks du lundi 29 mars au vendredi 2 avril 2021, cette fois avec leur butte de terre, l’élément scénographique principal du spectacle Croûtes.

Les 3 intervenant·e·s ont poursuivi les ateliers de pratique artistique initiés en janvier 2021 avec les 45 élèves de seconde. Au programme : théâtre, excursion nature, chant, initiation aux cascades burlesques, réflexions collectives sur la création de sociétés utopiques dans le périmètre du lycée et atelier photos en vue de la création d’une exposition intitulée « Attention aux vivants ». Un parcours artistique leur permettant de découvrir les spécificités de la création pour l’espace public, invitant les élèves à poser un regard artistique et tangible sur les enjeux sociétaux actuels et d’ouvrir leur point de vue sur leur propre environnement.

Rituels et utopies

Ritualiser les débuts de journée est apparu comme une évidence aux artistes de la compagnie Mycélium, qui revendiquent les atouts de ce procédé et qui prend une place importante dans leur spectacle Croûtes.


À 9h chaque matin, c’est donc autour de la butte de terre que les 45 élèves, les 3 artistes et les enseignant.e.s se retrouvent pour démarrer la journée. Un appel au centre du lycée qui donne à la croûte un aspect vivant, fait d’elle un personnage qui révèle chaque jour une nouvelle surprise. La place de la butte au centre de la cour, insuffle de la poésie, interroge les codes, module le quotidien et l’organisation interne. En suscitant leur curiosité et leur imaginaire, les artistes invitent les lycéen.ne.s à questionner leurs habitudes, les évidences de chacun avant d’appréhender d’autres modes de pensée. En créant l’étonnement au sein même de l’établissement, ils souhaitent provoquer l’échange entre les élèves et les membres du personnel qui découvrent leur environnement quotidien sous un nouveau jour et ont alors l’occasion de développer un goût inédit pour ce qui s’y déroule.


Ce temps matinal laisse place à l’action et à la réflexion : les ateliers imaginés par les artistes à l’attention des élèves s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. La première matinée est réservée à un travail en petits groupes de 5 élèves, autour de la création d’une société utopique. À partir de plan du lycée, les élèves ont pour mission de rêver une société à leur image, de l’organiser ensemble. Un travail collectif qui stimule l’imaginaire des élèves et développe leur capacité à faire ensemble. L’exercice suscite de nombreux débats, incite à défendre ses points de vue et à entendre ceux des autres. Chaque groupe fera ensuite une visite commentée au sein du lycée, présentant les spécificités de sa société utopique.

Initiation au chant, au théâtre et aux cascades

Le chant est au cœur de la création Croûtes, c’est pourquoi, la compagnie a souhaité partager le leitmotiv du spectacle lors de l’atelier chant mené par Gabriel : Mno gaia leta



Du côté d’Emilie, les jeunes s’essayent au jeu de l’aveugle. Un exercice de théâtre qui développe la cohésion de groupe, l’écoute et la confiance en soi et en l’autre. En binôme, un jeune se masque les yeux, l’autre guide, et c’est parti pour l’aventure.

Cet exercice est une belle entrée en matière avant l’atelier mise en mouvement mené par Emilie le lendemain après-midi.



Lorsqu’ils enlèvent leur masque de leurs yeux, les lycéen.ne.s sont souvent très surpris.es de l’endroit où ils se trouvent.

L’atelier cascades est l’affaire d’Albane, en effet, l’artiste est spécialisée dans l’art du clown, burlesque et excentrique. Dans ce savoir-faire, le corps est un outil primordial, les chutes et autres dérapages sont au centre de sa pratique. Lors de cette séance, elle apprend aux jeunes les techniques de trébuchements, gamelles et autres dégringolades, en toute sécurité. L’exercice de la marche manquée fait l’unanimité auprès des élèves qui se révèlent plus que doués lors de l’exercice.

Création d’une expo photos : "Attention aux vivants !"

La création de cette exposition permet au groupe d’élèves de détourner sensiblement leurs pratiques et leurs projections professionnelles par le biais de la mise-en-scène de photographies. Ainsi, ils.elles sont amené.e.s à prendre du recul sur leur environnement professionnel et scolaire tout en développant leur créativité, leur personnalité et leur sens critique. Dans la préparation du shooting photos, les jeunes retrouvent les principes d’organisation d’un spectacle jouant dans l’espace public : écriture de scénarios, repérages, croquis des scènes, préparation du matériel et des costumes, répétitions sur site, choisir de conserver tel ou tel tableau.


Sur le thème d’Attention aux vivants, élèves et artistes se creusent les méninges et créent des images plus surprenantes les unes que les autres. Ils choisiront de garder une vingtaine de photos et donneront un titre à chaque cliché afin d’appuyer son propos artistique.






Mercredi 31 mars au soir, les équipes sont suspendues aux annonces gouvernementales. Le couperet tombe, les établissements scolaires fermeront leurs portes après le week-end de Pâque. Les artistes ne pourront donc pas maintenir leur résidence avec l’ensemble de l’équipe au lycée. Le choc passé, l’équipe du Fourneau propose à la compagnie de rapatrier la résidence dans son lieu de fabrique à Brest. Cette solution permettra aux artistes de poursuivre leur travail de création. Le vendredi 2 avril au matin, c’est avec une petite pointe d’amertume que les élèves aident Maël, le régisseur du Fourneau et la compagnie à démonter la butte et à la charger dans le camion qui partira en direction de Brest. La matinée se termine par un échange autour du métier et régisseur général, les lycéen.ne.s en apprennent ainsi davantage sur son parcours ainsi que sur les aspects techniques et logistiques déployés autour de la création. L’occasion également pour la compagnie d’expliquer le choix de la scénographie et les moyens mis en œuvre pour la création. La conversation pousse même jusqu’à l’explication du montage du budget de production.

Malheureusement les élèves ne pourront pas assister aux répétitions et participer au temps fort, initialement programmé le 15 avril. La déception est forte, c’est pourquoi, M. Guilbert, le proviseur de Rosa Parks propose à la compagnie de revenir au lycée du 3 au 7 mai 2021, lors de la réouverture du lycée. Une lueur d’espoir avant de se dire au revoir.

Que ce dernier temps d’échange ait lieu ou non, chacun.e est sorti nourri.e de cette histoire commune. À l’issue de cette semaine de médiation, élèves, enseignant.e.s, l’équipe du Fourneau et les artistes s’accordent à dire qu’ils.elles ne sont pas près d’oublier cette rencontre chargée d’apprentissages, d’interconnaissance et d’instants mémorables.

Voir en ligne : https://www.lesreportagesdufourneau...

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