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REPORTAGE : Nuit Unique, nuit Magique !
Ce soir c’est la Nuit Unique ! Nous sommes une douzaine d’amis qui partons à l’aventure avec couvertures et sacs de couchage. Le rendez-vous est fixé à 22h20 aux Capucins. C’est comme si nous prenions ensemble un train de nuit qui nous emmènerait en voyage jusqu’au petit déjeuner, pour une destination inconnue . Nostalgiques des « Grains de Folie » du Fourneau, nous sommes excités, enthousiastes, curieux de découvrir le Théâtre de l’Unité, jamais produit à Brest.
Surnommés les grands enfants et les grands parents terribles du théâtre de rue en France, Hervée de Lafond et Jacques Livchine, les deux co-directeurs, font vivre aux spectateurs depuis plus de quarante ans un théâtre populaire, politique, en constante exploration et réinvention. C’est avec grande hâte que nous attendons de vivre l’aventure théâtrale inattendue et chimérique qu’ils nous proposent ce soir : 7 heures de spectacle non-stop, de 13h à 6h du matin !
Nous nous retrouvons allongés sur des petits matelas, certains sur des transats, emmitouflés dans nos sacs de couchage et nous nous voyions attribué un doudou pour nous accompagner le long de cette nuit exceptionnelle.
Théâtre, danse, chant, humour, musique et discours se suivent et s’entremêlent là où le rêve et la réalité se confondent. C’est une sorte de mosaïque, on passe d’un art à un autre, du jazz à une chanson folklorique polonaise, d’une chanson de Barbara à un texte de Brecht... !
Des sons de trains qui passent, un chien sympa qui visite les dormeurs, des madeleines, des caramels mous, des textes poétiques racontés à notre oreille, des histoires dans l’histoire telle celle où Hervée De Lafond raconte la terrible mort de son frère, l’Indochine et les odeurs de nems, la Russie et les blinis arrosés de vodka.... . Chaque comédien nous transporte dans son univers, nous racontant sans pudeur des moments de vie, se mettant à nu.... La troupe est rodée, soudée, complice, culottée.
Chaque heure est rythmée par un tintement de cloche qui amène un nouveau thème, tels le voyage, le rêve, l’amour, la mort ou le cauchemar... Jacques Livchine commente à chaque fois ces passages horaires.
Vers 3 h du matin, plus de la moitié du public dort !
A 4h, Jacques nous prévient que notre perception du spectacle change. Nous devenons plus sensibles à la poésie, à la musique, les barrières sociales s’estompent, on pénètre dans nos rêves. Il nous affirme que parfois il arrive que le public ne sait plus s’il rêve ou non.
Les émotions induites par ces diverses histoires font resurgir nos propres souvenirs et, au petit matin, quand nous nous retrouvons autour du petit déjeuner qui suit la représentation, nous nous racontons nos nuits différentes et réalisons que pour chacun la nuit aura été Unique !
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