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BREIZHICOOP - Un supermarché où je paye moins cher et dans lequel je m’investis

Entretien avec Patrice DEPEIGE – Membre actif

BREIZHICOOP est un projet de supermarché participatif et collaboratif qui s’installera au printemps 2019 au Blosne, (centre commercial St Elizabeth) à Rennes, quartier où les commerces de proximité disparaissent peu à peu. Ce projet redonne vie à une zone en déclin en redynamisant le commerce local.

BREIZHICOOP est un projet de supermarché participatif et collaboratif qui s’installera au printemps 2019 au Blosne, (centre commercial St Elizabeth) à Rennes, quartier où les commerces de proximité disparaissent peu à peu. Ce projet redonne vie à une zone en déclin en redynamisant le commerce local.

Le projet a démarré il y a déjà 2 ans. L’objectif est de créer un supermarché coopératif d’une surface de 180 m2 pour vendre des produits exclusivement locaux et moins chers (de l’ordre de 20 à 30% moins cher que la grande distribution), aux coopérateurs de la coopérative, permettant ainsi de faire vivre les petits producteurs locaux.

Le projet, soutenu par les collectivités locales, fonctionne comme une coopérative de consommateurs. Les clients sont propriétaires de parts sociales de la coopérative et acceptent de faire au minimum 3 heures par mois de bénévolat. Pour rendre le statut de coopérateur accessible à tous, BREIZHICOOP a décidé de proposer un tarif de parts sociales révisé pour les faibles revenus, et envisage de proposer un partenariat avec un centre social qui pourrait financer, tout ou partie, de ces parts sociales, pour ceux qui n’ont pas les moyens. La coopérative regroupe aujourd’hui près de 650 adhérents, et 150 coopérateurs, dont 70 sont actuellement actifs. Après son ouverture prochaine en mars 2019, les activités du supermarché permettront de mobiliser l’ensemble des membres adhérents.

Les produits vendus par BREIZHICOOP seront exclusivement locaux et issus de petits producteurs. L’objectif est d’assurer à ses producteurs des prix plus justes que ceux pratiqués par la grande distribution. L’initiative solidaire peut même venir en soutien à des producteurs locaux pour améliorer la qualité de leurs produits à des prix restants justes (par exemple en mettant en place des consignes de bouteilles de lait pour la distribution de lait frais).

La coopérative est pleine d’ambition : elle souhaite à terme implanter plusieurs sites dans la métropole rennaise. La coopérative souhaite développer de nouveaux services pour toucher un plus grand nombre de coopérateurs, par exemple en développant la livraison à domicile, ou en proposant ses services aux structures collectives comme les universités ou les entreprises (livraison de produits, services de courses à domicile…).

Patrice Depeige a tenu à commencer cet entretien, en précisant que “la vraie richesse c’est la population qui met en place des choses”. Il s’agit d’un membre actif dans le projet depuis un an, il nous a présenté le projet plus en détails, et nous avons mis en évidence avec lui, différents aspects participatifs présent dans le projet, notamment en ce qui concerne son organisation interne.

La coopérative est organisée en commissions  : ACHAT - EMPREINTE ÉCOLOGIQUE - FINANCEMENT - COMMUNICATION - INFORMATIQUE – IMPLANTATION. Chaque adhérent peut s’inscrire dans une commission où il se sentira le plus utile. Chaque commission est ainsi remplie de compétences diverses, apportées par chacun. “Nous sommes une ruche”, précise Patrice Depeige. Il y a un référent par commission, et ce référent peut travailler en binôme. Généralement le référent, c’est celui qui a du temps, et le fonctionnement reste très horizontal. Les référents vont être animateurs et chefs d’orchestre de leur commission. Au sein de chaque commission, il y a de la discussion, des débats, et les décisions sont validées en forum avec tous les adhérents présents.

Au sein de ces forums, qui ont lieu environ tous les deux mois, une méthodologie est mise en place. Chaque forum est composé d’un ordre du jour, et est ensuite préparer par des équipes différentes à chaque fois, qui décide ou non, d’utiliser différents outils d’animation participative. Patrice Depeige précise, qu’il y a “pleins de façons pédagogique pour animer les forums”. Il existe une base de données des outils participatifs utilisés en forum et en réunions. Concernant le mode de décision choisi, il ne s’agit pas de voter à la majorité, les porteurs du projet ont la volonté que ça se fasse selon une méthode par consentement : c’est-à-dire sans désaccord. Ainsi, chaque membre à la possibilité d’exprimer une « objection valable » qui devra être levé (par compromis) avant que la proposition ne soit adopté.

En termes de mobilisation, il y a une moyenne d’environ 80 personnes par forum (sur les 650 adhérents). Patrice Depeige ajoute que si l’on s’oppose à un point formulé sur l’ordre du jour, il faut venir au forum. Sinon le point de désaccord peut être traité lors de réunions internes, il y a des modérateurs, ou être remis à l’ordre du jour du prochain forum.
En dehors des commissions, et des forums, la communication entre les membres se réalise assez facilement, grâce aux outils informatiques, et notamment les mails, les réseaux sociaux, les SMS, et les applications telles que Slack.

Concernant la communication auprès d’acteurs extérieurs, celle-ci se réalise au travers différents canaux : média papier, internet, réseaux sociaux, télévision, radio, bouche à oreilles. La coopérative est également bien intégrée sur son quartier, et est en lien direct avec des associations locales, telles que “Le petit Blosneur”, et elle participe également à de nombreux évènements, réunions et forums d’autres associations.

Ainsi, cet entretien a permis de mettre en lumière, les différents aspects participatifs présents au sein de la coopérative portée par de nombreux citoyens. Celle-ci se retrouve autant dans le financement, que dans le mode d’organisation et de fonctionnement.

Date : 13/02/2019
Lieu : Université Rennes 1
Personnes ayant participé à l’entretien :
Sarah KERZERHO
Marie MOISAN
Ndeye Thiané NIANG

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