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Sociocratie : en quête de coopération dans les organisations

Dans les années 70, Gerard Endenburg, ingénieur néerlandais en électrotechnique dut reprendre la direction de l’entreprise paternelle. Inspiré par la cybernétique (théories des systèmes de contrôle/commande) et par la pédagogie « quaker » qu’il avait expérimentée pendant sa scolarité, il mit au point des principes, ceux-ci allaient devenir les quatre piliers du modèle de gouvernance appelé aujourd’hui « Sociocratie ». Littéralement, sociocratie signifie le pouvoir du groupe. En cela, le terme semble être un synonyme de la notion de démocratie... mais ce modèle se veut encore plus démocratique !

Les quatre piliers

Deux piliers de la Sociocratie sont des techniques d’animation qui rendent le fonctionnement plus coopératif. Les deux autres sont plutôt des innovations au niveau structurel des organisations.

Le 1er pilier est une technique d’animation permettant une prise de décision dite par consentement. Cette technique permet à un groupe de prendre une décision en entendant tous les points de vue concernant la problématique. Il permet aussi, grâce à son système de tours de parole, de créer les conditions pour faire émerger une nouvelle forme d’intelligence collective que certains appellent holomidale, c’est-à-dire qui prend en compte la complexité. Cette technique permet de répartir équitablement le pouvoir entre tous les membres, qui se retrouvent en équivalence, tout en faisant respecter les limites du groupe.

Le 2e pilier est une technique proche de la première permettant d’élire, sans candidat donc sans opposition, des personnes à des postes à pourvoir, en évitant de tomber dans le piège de la compétition et de la mise en concurrence des candidats.

Le 3e pilier est la notion de cercles. Les cercles viennent s’apposer sur la structure hiérarchique pyramidale qui est préservée en Sociocratie. Ce sont des espaces dans lesquels les membres vont prendre des décisions par consentement sur des questions stratégiques qui les concernent.

Le 4e pilier est la notion de second lien : un ou des membres d’un cercle inférieur dans l’organisation seront élus pour siéger et prendre part aux décisions par consentement du cercle du dessus.

Un fonctionnement vivant

Ces quatre principes sont le squelette de la Sociocratie mais pour qu’elle fonctionne vraiment dans une organisation, il faut y ajouter des muscles, des organes, un système nerveux, etc. Voici quelques outils complémentaires qui peuvent aider : vision/mission/buts de l’entreprise ; carnets de bord de chaque cercle ; évaluations solidaires annuelles des collaborateurs ; processus d’élaboration de propositions ; jeux coopératifs ; cercle supérieur composé de « sages » ; rondes d’ouverture et de clôture des réunions ; processus d’entrée et de sortie dans l’organisation ; espaces de gestion de conflit, etc.

G. Endenburg en inventant la Sociocratie a tenté de « copier » le fonctionnement du vivant. Selon lui, le vivant fonctionne de manière hiérarchique[1]. Sa grande découverte a été de dissocier le stratégique, qui selon lui doit être élaboré dans des cercles et par consentement, et l’opérationnel, qui a besoin d’une structure hiérarchique pour que l’organisation soit efficace.

La pyramide inversée

Alors oui, en Sociocratie, on considère que la hiérarchie n’est pas le problème ! La sociocratie va même plus loin en prônant que nos organisations ont besoin de hiérarchie et de managers, de chefs... Mais pas de « petits chefs » ni de « grands chefs charismatiques », non ! Nos organisations ont besoin de chefs coopératifs : des chefs qui ont appris à passer du surveiller au veiller sur... Des chefs qui en réalité ont compris que leur job est de soutenir leurs collaborateurs, comme si la pyramide d’une certaine manière s’était inversée.

[1] Sur ce sujet, les créateurs de l’Holacracy sont clairement en désaccord. Ils prônent un système se voulant non-hiérarchique.

Yannis CAMUS
www.alterego-cooperation.fr

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