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Rencontre : “Comment zéro-phytez vous” dans le Finistère à Loperhet (29)

Loperhet (29) gère ses espaces verts en “zéro phyto”

Dès 2008, la commune de Loperhet, encouragée par le Syndicat de l’Elorn, s’engage dans des démarches de gestion différenciée des espaces verts, en adoptant le « O phyto » et en signant une première charte d’entretien, renouvelée en 2016. La Région Bretagne lui décerne le label en 2013.

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Loperhet, 3 700 habitants, est une commune littorale au sud de Brest appartenant au pays de Landerneau-Daoulas. Dès 2004, elle réfléchit aux méthodes pour passer au 0 phyto. Auparavant, les services techniques utilisaient des produits phyto-sanitaires (diuron ou glyphosate) d’une grande facilité d’utilisation : un passage tous les six mois suffisait à gérer les « herbes folles ». Depuis 2007, la municipalité a définitivement abandonné leur usage et sous-traite alors la gestion mécanique de la végétation jusqu’au choix d’investir dans le matériel adéquat lui permettant de faire le travail en régie en 2009 et 2010.

Gérer des liex spécifiques

Le cimetière

La gestion est passée du glyphosate au rabot puis à l’eau chaude pour finir par l’engazonnement des allées, à la satisfaction de la majeure partie des habitants. L’entretien est aujourd’hui très simple (tonte) mais chronophage. La commune assure le fleurissement d’une partie des « inter-tombes » et confie le désherbage manuel aux propriétaires. Les résultats sont aussi très satisfaisants sur le plan esthétique : le cimetière est beaucoup plus vert et fleuri.

Terrains de foot

Il en existe trois sur la commune : un en stabilisé (sable compacté) et deux en herbe. L’usage de produits phyto s’est arrêté en 2006-2007. Les dix années d’expériences ont permis de trouver aujourd’hui les bonnes méthodes. Le terrain en stabilisé est géré grâce à la lame rabot qui décape le sol et permet la coupe de la végétation spontanée à la racine. Cette opération est menée 2 à 3 fois par an par temps sec. Le terrain est regarni en sable une fois par an. Les deux terrains en herbe sont régulièrement tondus et aérés aux mi-saisons grâce à l’aérateur à couteaux. Les terrains sont ré-engazonnés annuellement avec un Ray-grass adapté. Le terrain d’entrainement situé sur du remblai est sablé régulièrement.

Voies douces du Fogot

Réalisées en 2010 avec un mélange sable/ciment, les 1,8 km de voies douces dans le parc situé en cœur de bourg permettent aux piétons, cyclistes, poussettes et handicapés d’emprunter ces chemins qui restent perméables, évitant ainsi un trop fort ruissellement en cas de pluie importante. La mousse qui s’y dépose est retirée avec de l’eau chaude/vapeur. Cela prend du temps mais le résultat est très efficace.

Et encore…

Le parvis de l’église est un lieu symbolique et sensible pour les habitants qui ont accepté le choix fait par la commune de l’enherber avec un gazon type « voirie » (graminées+ trèfle). Les entrées de bourg, zones naturelles, giratoires et lotissements sont également gérés mécaniquement par les services techniques.

Plantes invasives

La commune est aussi confrontée aux espèces végétales invasives. La renouée du Japon est bâchée et la plantation de houx créera des zones d’ombres où elle ne survivra pas. L’herbe de la pampa et le buddleia sont très difficiles à éliminer ou même contenir.

Le rôle des élus

Donner du temps au temps Les habitants sont parfois assez réticents aux changements. La commune a bien compris qu’il est concluant de donner du temps pour faire évoluer les comportements et les regards sur une nouvelle forme de gestion de l’espace public. Être à l’écoute Les agents municipaux qui mettent en œuvre ces changements ont vu leur temps de travail sur ces chantiers augmenter considérablement. Il est donc primordial d’être à leur écoute. « On a peut-être un peu mis la pression sur les services techniques. Les élus ne se rendent pas forcément compte de l’impact technique de leurs choix politiques » nous confie Fañch Collec, ancien maire. « L’idéal serait de réfléchir à l’aménagement en fonction de la gestion qui pourra être faite, bien en amont ; on se trouve trop souvent dans le cas inverse » nous dit Christophe Morvan, responsable des espaces verts. Communiquer La revue municipale fait passer régulièrement des rappels pour que chacun contribue au nettoyage devant sa porte sans utiliser de désherbant. En 2012, la municipalité prend même un arrêté en ce sens pour appuyer sa démarche. Des réunions de quartiers annuelles permettent aussi de rappeler parfois ces incitations à « bien faire ». Globalement, les plus âgés sont les plus disciplinés et se plient facilement à l’exercice alors que les plus jeunes sont souvent moins volontaires.
Bénéfices écologiques et choix économiques

La commune se félicite de l’impact de cette démarche sur la qualité des sols, de l’eau et des paysages. Elle mesure aussi l’impact financier et chronophage qui en découle. Le temps consacré au désherbage des espaces verts de la commune a été multiplié par quatre en passant au zéro phyto. Cela a donc nécessité une réorganisation des équipes techniques (espaces verts et voirie). En 2015, 4 400 heures ont été consacrées à l’entretien des espaces verts dont un quart pour le désherbage.

Toujours faire mieux

Si la commune est en zéro phyto depuis près de dix ans, elle n’a pas encore la capacité à obtenir une « fleur » faute de temps nécessaire pour transformer le bourg encore très minéral. Une meilleure mutualisation (achat de matériel et réalisation de chantiers partagés) à l’échelle communautaire serait profitable. La municipalité envisage, à l’instar d’autres communes, d’organiser des chantiers collectifs à l’occasion de « journées citoyennes ». C’est une façon agréable d’impliquer les habitants afin qu’ils s’approprient leur territoire de façon dynamique et constructive.

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