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Regard de Nolwenn Diler sur la facilitation de territoire

3ème épisode d’une série de témoignages de praticiens de la participation

En début d’année 2020 s’est tenue la première session de formation à la facilitation de territoire, animée par l’équipe de Collporterre. Quelques mois plus tard, des participants témoignent des apprentissages qu’ils en ont retirée.

Cet article donne la parole à Nolwenn Diler, chargée de Mission Participation citoyenne à la Communauté de Communes Châteaubriant - Derval (44).

En quoi la formation de facilitation de territoire a-t-elle changé ton regard sur la participation ?

Quand j’ai débuté la formation, je me sentais dans l’impasse pour animer les instances participatives sur le territoire.

Le public et les objectifs de ces instances ont beaucoup évolués au fil du temps. Au départ, au début des années 2000, le Conseil de Développement était principalement composé d’« initiés de la participation », qui représentaient les forces vives du territoire : représentants associatifs, syndicaux, chambres consulaires… Ces personnes participaient avec l’idée d’un intérêt supérieur à elle-même, celui du territoire et de son développement.
Au fil du temps, le profil des membres a évolué davantage vers des citoyens, beaucoup moins initiés, moins formés et qui souhaitent participer sur des motivations davantage individuelles : intérêt d’une thématique, envie de se faire du réseau et de partager des réflexions tout simplement…
Une fois ces constats posés, on peut s’interroger sur la manière de faire collectif, sur ce qui peut les relier et comment le faire ? Comment les faire contribuer à un quelque chose qui s’inscrit lui, dans un intérêt général et intercommunal ? Comment produire du commun pour apporter un regard et une contribution citoyenne ?

La formation m’a fait prendre conscience d’une chose essentielle : il faut dépasser l’entre soi. C’est tout le risque de ces instances participatives : « on est quelques-uns, on se connait et après tout on a chacun notre expertise individuelle. »

Tout l’enjeu pour produire collectivement est de les amener à se positionner sur l’essence même de tout instance participative : l’expertise d’usage.

Concrètement, en quoi cette formation a-t-elle fait évoluer ton quotidien professionnel ?

Sur chaque sujet traité, j’encourage, je propose aux membres des instances d’aller à la rencontre des acteurs locaux, pour développer leur expertise d’usage à travers la rencontre, l’échanges, la compréhension de ceux qui font et vivent le sujet.

Par exemple, le Conseil des Sages a été saisi par la Communauté de Communes sur la question des centre-bourgs. Je les ai encouragés à aller à la rencontre de commerçants, qui font vivre leurs bourgs, parce qu’ils ont su faire preuve d’inventivité, de réactivité, nouer des partenariats, proposer des services différents… non sans difficultés aussi. A travers l’échange, la relation, il se créé du lien, et on peut faire connaitre et reconnaitre, les acteurs locaux, là est toute la plus-value. La restitution de ce travail pourrait se traduire par des portraits de commerçants par exemple, tout est à imaginer.

Je trouve que le rôle de membre de ces instances, devrait évoluer quelque part sur une posture « d’ambassadeur de son territoire », ce serait celui qui va à la rencontre, qui connait des acteurs locaux au-delà de son cercle personnel et qui est aussi capable de faire connaitre et de valoriser toutes « les pépites » qui le constituent !

La question de l’attractivité touche tous les territoires qui se situent en dehors des métropoles, même si la crise que l’on connait va peut-être réinterroger ce modèle. Alors si les citoyens du territoire, qui s’y impliquent, en parlent positivement parce qu’ils sont devenus des « ambassadeurs de facilitation » ou tout simplement des acteurs à part entière de leur territoire, on fera avancer le sujet.

Cette formation m’a recentré sur ma motivation profonde et première : mettre l’humain au cœur et accompagner les acteurs locaux quelques qu’ils soient, élus, bénévoles, entrepreneurs ou citoyens à faire territoire, à le faire vivre et le développer. J’ai la chance de travailler sur le territoire de Châteaubriant-Derval, qui est justement un territoire à taille humaine.

Quels sont selon toi les plus grands défis pour développer ce métier de facilitateur.ice de territoire ?

Il faut sortir de sa zone de confort, dépasser le cadre administratif et oser aller à la rencontre des acteurs, encourager ceux qui s’y impliquent dans cette perspective.

Le métier de facilitateur de territoire, réinvente une certaine approche du développement local. Tout réside dans la capacité à mettre en lien et à offrir les conditions de connaissance et reconnaissance.

Les membres des instances participatives ont tout à gagner à aller vers les acteurs locaux, à faire avec eux, car en retour ils seront reconnus. Cela dépassera la question de la communication et des outils à déployer ou pas.

Il faut voir la facilitation de territoire, comme un fil conducteur, une voie à encourager, une manière de faire, quand le sujet s’y prête et que les membres sont réceptifs.

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