Accueil > Contributions > Regard de Clara Schricke sur la facilitation de territoire

Regard de Clara Schricke sur la facilitation de territoire

6ème épisode d’une série de témoignages de praticiens de la participation

En début d’année 2020 s’est tenue la première session de formation à la facilitation de territoire, animée par l’équipe de Collporterre. Quelques mois plus tard, des participants témoignent des apprentissages qu’ils en ont retirée.

Cet article donne la parole à Clara SCHRICKE, chargée de mission démocratie participative et innovation publique à Dinan agglomération (22).

En quoi la formation de facilitation de territoire a-t-elle changé ton regard sur la participation ?

Mon regard n’a pas véritablement changé, puisque j’ai suivi cette formation alors que je débutais tout juste mon métier de chargée de mission démocratie participative et d’animatrice du conseil de développement. J’ai finalement eu le droit à un « décapage » d’entrée de jeu, sur les notions de mobilisation, ou comment faire venir les participants !

Concrètement, en quoi cette formation a-t-elle fait évoluer ton quotidien professionnel ?

Très rapidement, j’ai envoyé moins de mails et j’ai téléphoné plus souvent. J’ai aussi pris le temps de proposer des rencontres et surtout d’aller rencontrer des élus et des acteurs du territoire dans leur commune, pendant une heure ou deux ; ce que je n’avais pas eu l’idée de faire avant.

Au fil de ces rencontres, il y a progressivement des idées qui ont émergées et des liens qui se sont tissés. Et un beau jour, on s’aperçoit que tout se complète, s’articule ; pour faire apparaître une idée encore plus grande, une vision.

Plus récemment, suite aux élections municipales, nous avons retravaillé la question du rôle des membres du conseil de développement et de la difficulté inhérente à cette notion de représentativité. Il est apparu au fil des échanges que plutôt que de leur demander d’être des experts d’un sujet et de représenter la population, leur mission devrait davantage les mener à devenir « des curieux de leur territoire », pour aller créer du lien avec les acteurs de leur localité, capter les richesses autour d’eux. Pour qu’ainsi au moment propice et en fonction du sujet, ils puissent identifier les bonnes personnes à « mobiliser ». Finalement, cette posture rejoint vraiment le schéma du facilitateur de territoire présenté au cours de la formation. Et ce qui explique qu’aujourd’hui, cette notion de facilitateur.ice de territoire est désormais affichée comme première mission des membres du conseil de développement !

Quels sont selon toi les plus grands défis pour développer ce métier de facilitateur.ice de territoire ?

Selon moi, le défi principal est de développer, dans son métier, un autre rapport au temps. Avec la facilitation de territoire, on se rend compte qu’il faut accepter de ne pas forcément obtenir des effets immédiats. Cela renvoie évidemment à la question de l’évaluation, du suivi des missions et de la structuration de son métier en « mission » : aujourd’hui, on commence un dossier, on le mène selon un planning bien défini, puis on le termine. Mais cela concerne aussi notre propre satisfaction personnelle, et la façon d’aborder nos métiers. Parce que le fait d’être "dans les temps" procure un sentiment de satisfaction.

Avec l’approche développée à travers la facilitation de territoire, c’est complètement différent : la notion de satisfaction passe par autre chose, par le moment où on voit les liens qui se tissent, les idées nouvelles et solides en même temps qui apparaissent. Mais ça prend forcément du temps. La première année de mon métier, je me demandais parfois ce que je faisais ; aujourd’hui, je vois des démarches mises en place il y a quelques mois qui en fait prennent tout leur sens.

À la une